La Silver Economie est elle une BULLE?

Selon une étude du XERFI, la Silver Economie peine à décoller

Publié le 25 janvier 2017

« Depuis le lancement en grande pompe par l'Etat de la tentaculaire filière de la Silver Economie fin 2013, force est de constater que les actions gouvernementales sont restées timides depuis trois ans. Dans ces conditions, son décollage dépendra du dynamisme et de la capacité d'innovation du secteur privé, de l'avis des experts de Xerfi Precepta. Et pour saisir les gigantesques perspectives de croissance de la filière, les opérateurs devront relever des défis de taille, à commencer par la nécessaire structuration de l'offre. A cet effet, les stratégies partenariales et écosystémiques doivent prendre le pas sur les logiques concurrentielles traditionnelles. Ensuite, les professionnels devront stimuler une demande senior très hétérogène. Plusieurs pistes s'offrent alors à eux : cibler les prescripteurs, miser sur les offres de bouquets, renforcer les dispositifs de jugement, passer du transactionnel au serviciel, développer la co-création. Enfin, prendre le virage numérique est un passage obligé, compte tenu des nombreuses opportunités offertes par les objets connectés et le Big Data sur les marchés des seniors. (...) »

Pour exploiter pleinement le potentiel de croissance de la filière de la Silver Economie, les opérateurs devront s'atteler à structurer davantage l'offre. Compte tenu de ses différents marchés et de la multitude d'intervenants (prestataires de la Silver Economie, prescripteurs, financeurs...), celle-ci se prête parfaitement à un fonctionnement en écosystème (un ensemble d'entreprises interagissant au sein de la filière). Les relations peuvent ainsi se faire entre des opérateurs d'un même segment (services à la personne par exemple), des acteurs de segments différents ou entre des professionnels spécialisés « seniors » et des acteurs périphériques (spécialistes du digital par exemple). Vu notamment le nombre de sous marchés, les types de seniors ciblés, le degré de subventionnement des activités ou encore l'intensité technologique des métiers, il semble alors plus pertinent de parler d'écosystèmes au pluriel, de l'avis des experts de Xerfi Precepta.

Jouer le rôle de leader des écosystèmes de la filière concerne un nombre limité d'acteurs puisque l'accès au consommateur final est un atout majeur pour endosser un rôle d'intermédiaire indispensable et légitime. En clair, la structure la plus près des seniors sera à même de proposer des bouquets d'offres rassemblant produits et services des différents acteurs et marchés de la Silver Economie. Et si, pour l'instant, c'est l'Etat qui joue le rôle de pivot dans la Silver Economie, les lignes pourraient bouger à terme au profit par exemple des ténors des télécoms, des téléassisteurs ou encore des plateformes nationales d'intermédiation.


Une fois l'offre davantage structurée, les professionnels vont devoir stimuler la demande. Au préalable, ils devront identifier les trois grandes catégories de seniors : les « actifs (60-74 ans), les « fragilisés » (75-84 ans) et ceux « en perte d'autonomie » (ou dépendants). Une telle segmentation permet en effet d'adapter son discours et son offre mais aussi de viser les prescripteurs comme par exemple l'entourage et les aidants informels ou encore les aides-soignants, les médecins et les acteurs publics. Pour répondre aux préoccupations prioritaires des seniors, qui se cristallisent sur la notion du bien-vieillir, s'inscrire dans une véritable démarche servicielle est impératif. Trois pistes sont alors à creuser de l'avis des experts de Xerfi Precepta : l'assistance, le coaching/conseil et la prévention. Dans ces conditions, les acteurs privés ont tout intérêt à proposer des offres de bouquets. C'est le cas par exemple d'Axa qui a lancé Desideo en 2015, un univers web dédié aux seniors avec des offres de loisirs et de services (accompagnement, conseils pratiques, liens vers des sites spécialisés, etc.). Pour impliquer les seniors dans le processus de production et affiner les offres au plus près des besoins, les professionnels seraient aussi inspirés de développer la co-création.


La stimulation de la demande passe également par un renforcement de la notoriété de la Silver Economie. Outre un gros travail de communication, les professionnels devront également renforcer les dispositifs de connaissance et de jugement : réseaux (famille, amis, résidences seniors...), sans négliger les médias et sites d'intermédiation, les organismes financeurs, les salons ou encore les labels, agréments et appellations (« Testé et approuvé par les seniors » ou « Qualisap » par exemple).

Prendre le virage du numérique


A l'instar de nombreux marchés, la filière de la Silver Economie est, elle aussi, lourdement impactée par la révolution technologique. Dans un tel contexte, prendre le virage digital est désormais indispensable. Les NTIC (nouvelles technologies de l'information et de la communication) sont de fait une source d'opportunités considérables, en particulier dans le domaine de la santé. Avec le Big Data, la médecine curative de masse céderait ainsi la place à une médecine personnalisée, préventive, de parcours, individualisée et participative. Avec les données des capteurs, le diagnostic devient plus précis et s'émancipe des structures de soins. La diffusion massive des capteurs, avec les applications mobiles qui les accompagnent, peut permettre d'individualiser la prévention sur un mode participatif, ouvrant une nouvelle ère pour le coaching. Enfin, avec l'exploitation massive des données, le curatif se normalise, voire s'automatise.

Un potentiel énorme mais difficile à quantifier

Chiffrer avec précision les opportunités des marchés des seniors reste un exercice périlleux, tant la filière est vaste et hétérogène. Dans ce contexte, les données et projections démographiques suffisent amplement pour confirmer la croissance exponentielle à court, moyen et long terme. Ainsi, les 60 ans et plus passeront de 16 millions aujourd'hui (25% de la population française) à 20 millions en 2030 (30% du total). Et s'il n'est pas massif, loin s'en faut, le décollage de la filière est déjà perceptible sur ses différents et nombreux marchés : tourisme/loisirs, habitat/domotique, hébergement en établissements, sécurité, transport, services, santé, banques/assurances, services à la personne, communication, etc.


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